La nuit des rois

1999

Auteur

  • William Shakespeare

Adaptation, Mise en Scène et Traduction Libre

  • Anne Bourgeois
  • pour la Troupe du Phénix

Musique originale

  • Fred Pallem

Scénographie

  • Philippe Mathieu et Elise Roche

Costumes

  • Alexandra Konwinski
  • assistée de Marie-Jo Henry

Lumière et direction technique

  • Philippe Mathieu

« Extraits du spectacle »

Distribution

Guillaume Cramoisan

  • Feste

Valérie Even

  • Olivia

Nicolas Guillot

  • Sébastien / Fabiano / un Illyrien

Isabelle Hazael ou Domitille Bioret

  • Viola

Frédéric Lefevre ou Nicolas Ducron

  • Orsino / un Illyrien / le Wapentake

Laurent Madiot ou Bruno Paviot

  • Sir Andrew Aguecheek

Eric Mariotto ou Paul Marchadier

  • Malvolio

Jean-Luc Muscat

  • Sir Toby Belch

Olivier Neveux

  • Antonio / un Illyrien

Elise Roche

  • Maria / une Illyrienne

Fred Pallem

  • contrebasse

Ludovic Bruni ou Benoit Simon ou Csaba Palotaï

  • guitare

Fanny Rome

  • violon

Quelques notes de Anne Bourgeois

Créée en 1995 avec Laurent Madiot dans l’esprit d’un théâtre itinérant « à l’ancienne », la Troupe du Phenix est dirigée par Guillaume CRAMOISAN qui accorde à l’Aventure humaine autant d’importance qu’ au spectacle, rassemblant ainsi des artistes venus d’horizons différents.

Les spectacles d’une troupe finissent par lui ressembler : « nous sommes de la même étoffe que nos songes » et …le songe d’une troupe a la couleur d’une mosaïque constituée de gens tellement différents ! Différents sont nos parcours, nos allées et venues, nos familles de théâtre, mais notre espoir est le même : garder assis sur une chaise, ou même debout (!), des spectateurs venus par hasard, parce qu’ils avaient vu passer, en début d’après-midi, des roulottes et des chevaux escortés par des comédiens bruyants, qui n’en finissaient pas de chanter, comme si le théâtre était une fête.
Depuis huit ans, nos spectacles voient le jour sur les chemins chaotiques de nos tournées d’été, dans des voyages où il est question de maréchal-ferrant et d’herbe à brouter autant que de théâtre. Jouer le soir est un peu la récompense d’une journée compliquée au terme de laquelle éclate, démesurée, notre joie de parler au public. A travers les ruelles haut- perchées, les spectateurs gagnent la place du village sur la pointe des pieds, pour voir ce qui se passe. Alors il faut bien que quelque chose se passe si nous voulons qu’ils restent, qu’ils attirent leurs familles, leurs amis, qu’ils deviennent foule…
Nous n’avons à offrir que l’énergie de nos rencontres, la force d’une histoire qui se raconte, la vie d’une chanson.
La troupe du Phénix n’existe qu’à cause de ces étés-là : avec « la double Inconstance » de Marivaux, avec notre comédie musicale « le petit Monde de Georges Brassens », et maintenant avec « la Nuit des Rois », nous avons la chance de jouer dans des théâtres plus beaux les uns que les autres… Mais toujours, mais pourtant, nos spectacles gardent le goût de l’extérieur, et nous n’oublions pas ce que nous devons à nos visiteurs des soirs d’été.

La Nuit des Rois en scène

Sur les places des villages traversés chaque été avec chevaux, roulottes, comédiens et musiciens, les spectacles de la Troupe du Phénix façonnent leur identité grâce à ces spectateurs d’un soir qui demandent des histoires pour rêver, où triomphe le mensonge de l’illusion . Après le célèbre Petit Monde de Georges Brassens, cette Nuit des Rois jouée environ 120 fois en tournée (et 25 fois à Paris à la Cartoucherie en 2000 et au Mois Molière à Versailles en 2001), a séduit un public familial, gourmand de comédie tourbillonnante à la mode anglaise d’un XVIIème siècle puritain mais diaboliquement festif : sur une île de catastrophe, Shakespeare arrache l’un à l’autre deux jumeaux maladroits, déclencheurs de trouble et de désir… Puis il observe la vie qui se dérègle, le rythme qui s’accélère, la folie qui gagne tous les personnages. Présent à travers Feste, le bouffon visionnaire, il critique notre vision trop rationnelle d’un monde frileux où l’on ne veut s’unir qu’à qui nous ressemble. Shakespeare s’amuse de la prétention de l’homme qui croit pouvoir échapper à son destin, il sacre l’amour grand unificateur des oppositions, fait jaillir l’équilibre du chaos, milite pour la confusion des sens…
L’adaptation, les chansons, les costumes et la scénographie du spectacle racontent cette Illyrie imaginaire créatrice de fantasmes, alliant masques de l’Inde, costumes classiques et folkloriques, mêlant musiques des Balkans, cirque, Klezmer et musette, avec un trio de violon, guitares et contrebasse toujours présent sur scène.

Le titre original « Twelfth Night, or what you will », ne résume pas la pièce mais l’esprit dans lequel la Reine en commanda l’écriture : pour le soir de l’Epiphanie (douzième soir après Noèl), il fallait une comédie s’inscrivant dans le folklore populaire, célébrant l’inversion du monde, rassemblant les séparés, rendant le sourire aux désespérés. Nous avons forcément rêvé à un espace mêlant le cirque (« on tourne en rond », dit Feste) à la mer, sur laquelle croient périr les jumeaux « dévorés par une vague aveugle ». Puis nous avons rêvé à cette Illyrie fictive pas si imaginaire que cela, puisque Shakespeare l’aurait piochée dans une cartographie vaguement antique, et qui situerait l’île quelquepart dans les Balkans… Nous avons eu envie d’inventer des Illyriens, petits personnages masqués dont la candeur évoque le Destin, et qui commettent l’acte, lourd de conséquences, d’orner Viola et Sébastien de vêtements identiques…
Les scènes coupées ont été résumées en chansons; certains intermèdes sont de purs caprices mais empruntent à Shakespeare leur essence («Comme il vous plaira», «la Tempête » , «les Sonnets»…) Puis nous avons créé quelques images qui ne sont pas dans la pièce originelle, telles que l’ouverture («la Chanson des Noyés »), ou la chanson d’Aguecheek (écrite par Laurent Madiot), ou encore le final de l’Illyrienne, né du constat que Shakespeare ne cesse de rappeler notre dérisoire dépendance aux quatre éléments :la pluie, le vent, le noir du cœur de la terre, le feu.

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Anne Bourgeois

Affiche de la pièce de théâtre "La nuit des rois" La nuit des rois - la-nuit-des-rois-1 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-2 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-3 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-4 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-5 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-6 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-7 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-8 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-9 La nuit des rois - la-nuit-des-rois-10 La nuit des rois - anne-bourgeois-melting-04-2022-1024x970