Sur une proposition de Stéphane Freiss qui devenait le nouveau partenaire de Monsieur Delon après Francis Huster, j'ai rejoint ce duo somptueux pour aider au lancement de la nouvelle version. C'était ma toute première collaboration avec Alain Delon, et j'ignorais alors que d'autres spectacles suivraient...
- Auteur(e)
Eric-Emmanuel Schmitt
- Mise en Scène
Bernard Murat
- Production
Théâtre de Paris
Première/Création le 02-10-1998
Lieu : Théâtre de Paris
15 Rue Blanche, Paris, 75009, France
Quelques notes de Anne Bourgeois
Nous sommes en 1998, j’ai trente ans, et je vis un rêve éveillé. Entre terreur et bonheur, je reçois la proposition de reprendre « Variations Énigmatiques », une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt créée deux ans plus tôt avec Alain Delon et Francis Huster, dans une mise en scène de Bernard Murat…
A la suite d’un différend, Monsieur Delon souhaite rompre avec l’équipe d’origine et demande à Stéphane Freiss, qu’il admire sincèrement, de devenir son nouveau partenaire. Et c’est Stéphane, que je ne remercierai jamais assez, qui pense à moi pour diriger les répétitions de ce qui sera pour lui une création en face de la star. Décision est prise de garder le sublime décor de Nicolas Sire, mais c’est tout ce qu’on nous laisse pour nous lancer dans cette nouvelle aventure. Ni Stéphane Freiss ni moi n’ayant vu la version d’origine, nous voici face au grand vide, juste lui et moi, seuls pendant quelques semaines, le temps de traverser la pièce sans Alain et de créer du jeu comme on pouvait.
Puis un beau jour la star arrive : je l’ai su parce qu’il y avait une sorte d’émeute devant l’entrée des artistes. C’était en plein mois d’aout, j’étais en short et en tongs, soudainement congelée, je me suis frayée un passage parmi les fans et Monsieur Delon a posé son immense main sur mon épaule : « C’est vous mon metteur en scène ?… Ne vous inquiétez pas, on va faire du bon travail. » J’étais tellement touchée par sa conscience de ce que ressentent les autres…
Alors la répétition a commencé, j’ai beaucoup parlé, Stéphane aussi et puis Alain est devenu furieux : il a compris que nous étions en train de tout réinventer, que les 90 représentations qu’il avait dans les tripes n’étaient pas là, dans ce qu’on lui racontait, forcément, puisque nous étions seuls au monde pendant trois semaines, Stéphane et moi ! On s’est beaucoup disputés, il y a eu des coups d’éclats, des coups de tonnerre, chacun cherchait son territoire, Alain craignait que je ne cherche qu’à jouer au metteur en scène, tout le monde avait conscience des enjeux qui étaient quand même énormes, ça hurlait, ça pleurait, ça démissionnait, ça revenait, les portes battaient…
Et puis au bout d’un moment, il y a eu un long silence, la star nous a regardés, vous savez, ces yeux d’Alain Delon qui vous percent le cœur, et il a dit : « Bon. On va y arriver. Je vois que vous êtes des passionnés, comme moi, alors on s’énerve. Tous. Mais je sens que vous êtes vrais. Alors on va travailler et on va y arriver ». Et on y est arrivés ! C’était ma toute première collaboration avec Alain Delon, et j’ignorais alors que d’autres spectacles suivraient (« Les Montagnes Russes » mis en scène en 2004, « Sur la Route de Madison » mis en scène en 2007 et « Une Journée Ordinaire » mis en scène en 2014)
Un lien s’était créé, sincère, solide et pour ma part, rempli d’amour.
Merci, très cher Stéphane.
A la suite d’un différend, Monsieur Delon souhaite rompre avec l’équipe d’origine et demande à Stéphane Freiss, qu’il admire sincèrement, de devenir son nouveau partenaire. Et c’est Stéphane, que je ne remercierai jamais assez, qui pense à moi pour diriger les répétitions de ce qui sera pour lui une création en face de la star. Décision est prise de garder le sublime décor de Nicolas Sire, mais c’est tout ce qu’on nous laisse pour nous lancer dans cette nouvelle aventure. Ni Stéphane Freiss ni moi n’ayant vu la version d’origine, nous voici face au grand vide, juste lui et moi, seuls pendant quelques semaines, le temps de traverser la pièce sans Alain et de créer du jeu comme on pouvait.
Puis un beau jour la star arrive : je l’ai su parce qu’il y avait une sorte d’émeute devant l’entrée des artistes. C’était en plein mois d’aout, j’étais en short et en tongs, soudainement congelée, je me suis frayée un passage parmi les fans et Monsieur Delon a posé son immense main sur mon épaule : « C’est vous mon metteur en scène ?… Ne vous inquiétez pas, on va faire du bon travail. » J’étais tellement touchée par sa conscience de ce que ressentent les autres…
Alors la répétition a commencé, j’ai beaucoup parlé, Stéphane aussi et puis Alain est devenu furieux : il a compris que nous étions en train de tout réinventer, que les 90 représentations qu’il avait dans les tripes n’étaient pas là, dans ce qu’on lui racontait, forcément, puisque nous étions seuls au monde pendant trois semaines, Stéphane et moi ! On s’est beaucoup disputés, il y a eu des coups d’éclats, des coups de tonnerre, chacun cherchait son territoire, Alain craignait que je ne cherche qu’à jouer au metteur en scène, tout le monde avait conscience des enjeux qui étaient quand même énormes, ça hurlait, ça pleurait, ça démissionnait, ça revenait, les portes battaient…
Et puis au bout d’un moment, il y a eu un long silence, la star nous a regardés, vous savez, ces yeux d’Alain Delon qui vous percent le cœur, et il a dit : « Bon. On va y arriver. Je vois que vous êtes des passionnés, comme moi, alors on s’énerve. Tous. Mais je sens que vous êtes vrais. Alors on va travailler et on va y arriver ». Et on y est arrivés ! C’était ma toute première collaboration avec Alain Delon, et j’ignorais alors que d’autres spectacles suivraient (« Les Montagnes Russes » mis en scène en 2004, « Sur la Route de Madison » mis en scène en 2007 et « Une Journée Ordinaire » mis en scène en 2014)
Un lien s’était créé, sincère, solide et pour ma part, rempli d’amour.
Merci, très cher Stéphane.
Distribution
- Alain Delon
- Stéphane Freiss
Équipe
- Direction d’acteurs
- Anne Bourgeois
- Décor
- Nicolas Sire
- Lumière
- Laurent Castaingt
Galerie d'Images
(Navigation)