Ce soir dans votre ville

2009

Auteur

  • Warren Zavatta

Co-Mise en scène

  • Warren Zavatta
  • Anne Bourgeois

Lumière

  • Thierry Manciet

« Bande annonce du spectacle »

Distribution

Warren Zavatta

  • Seul en scène

Quelques notes de Anne Bourgeois

Issu d’une des plus célèbres familles du cirque, Warren Zavatta a choisi de rompre avec la tradition et de devenir acteur. C’était il y a longtemps, et c’était comme un sang supplémentaire qui le poussait vers un autre registre artistique: le jeu dramatique. On l’a vu au cinéma, au théâtre, servir des rôles que sa voix de baryton et son physique de colosse de charme imprégnaient singulièrement. Quelqu’un que l’on n’oublie pas.

Amoureux des auteurs, des textes et des émotions vraies, il n’a jamais cessé pourtant de briller dans l’univers du cabaret, du sketch, du numéro, dans cette école presque opposée à celle du théâtre, celle qui ignore le quatrième mur, la seule école où l’interprète doit rendre des comptes au spectateur en étant efficace, technique, drôle « en direct ». Ils sont quelques uns de son espèce, et cette catégorie de comédiens nous ramène chaque fois aux origines, au souffle même d’un théâtre qui longtemps n’a vécu qu’à travers l’identité, l’audace et l’intelligence d’un artiste un peu plus fou que les autres.

Ce que l’on aime chez un artiste d’aujourd’hui, c’est d’abord son secret : le secret de ce qui circule entre lui et le public. Or il y a bien chez Warren Zavatta cette équation parfaite qui place l’acteur et le spectateur dans une conscience collective que le moment est dangereux, que la confidence n’est pas anodine, que le rire est la seule réaction possible, que la sensibilité est tapie derrière chaque mot.

Je me souviens de Warren évoquant son nom avec ce mélange de distance et de fatalité, cette petite douleur pudique en montrant ses poignets : « je n’y peux rien, il y a du Zavatta qui coule dans là-dedans … » Nous nous demandions en quoi ce géant glamour et branché allait convertir le flux circassien qui semblait lui peser, comment s’opérerait la métamorphose, s’il allait assumer les grandes chaussures, la veste à carreaux, les bretelles et la perruque rouge, s’il finirait par avouer qu’au fond il l’aimait bien, cette famille mythique, s’il allait finalement s’émouvoir de son héritage culturel, de « l’atavisme et de ses zavattars », comme il dit.

La réponse nous l’avons dans ce spectacle seul en scène. Un véritable face à face avec le public sur le mode du stand-up, les révélations insolentes d’un « fils-de » survolté qui démonte d’une manière irrésistible le mécanisme du monde féérique et merveilleux du cirque, avec des personnages hauts en couleur, des gags, des démonstrations, des ébauches de numéro… mais surtout avec un texte incroyablement drôle, où le parler de la vie se mêle à la sincérité de l’acteur. Et c’est probablement là que se trouve le secret de Warren : il est vrai. Tout le temps. A chaque seconde. Et c’est pour ça qu’en face lui, dans la salle, les gens rient et se demandent toujours si ce qu’ils entendent, c’est pour de vrai. Alors, se dit-on, à force de s’émanciper des roulottes et de la piste, à force de parler comme le font les bonimenteurs, l’héritier des Zavatta ne serait-il pas parvenu, par des moyens bien à lui, à nous rapprocher de notre enfance?…

D’autant plus paradoxal qu’il n’y a rien d’enfantin dans le registre de l’interprète, plutôt politiquement incorrect que précautionneux, plutôt démasqué que mystérieux, plutôt râleur qu’émerveillé. Mais sa capacité à s’adresser sans cérémonie au public lui permet aussi de nous offrir quelques très beaux moments intimes, des moments où l’émotion que mérite le public lui tombe dessus sans prévenir, à la manière des grands clowns qui savent s’extraire de la relation et se laisser regarder de loin.

Accompagner Warren Zavatta dans son monde où le mensonge n’existe pas, c’est d’abord tenter de repérer comment le secret agit. Ensuite, lui en parler, parler de ce que nous ressentons dans la salle, car à coup sûr, il va l’attraper, s’en servir, nous le rendre en mieux. C’est aussi, peut-être, lui dire que nous aimons les deux, le clown et l’acteur, le désordre et la rigueur, le débordement et le calibrage. Lui re-dire qu’il est bien ces deux-là et ne pas tenter, à aucun prix, d’empêcher le bouffon d’être bouffon, le fou d’être roi.

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Anne Bourgeois

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